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La désaxée
Los ninos del sol

j'aime les mots et les noms rares, car ils ont le pouvoir de nous faire imaginer beaucoup de choses dés que nous partons à la quête de leurs sens, ou de leurs origines.

 La kiva, tout droit sortie des villages pueblos en a vu des femmes et des enfants en pleurs. Ces visages larmoyants, cherchant quelqueconque réconfort auprès des Dieux, cherchant une parade à la cruauté de la vie, pour pouvoir se dire que décidément tout n'est pas fini, non tout n'est pas fini.

Il parait qu'on y entend encore ces chants lugubres et autres incantations, que l'ambiance qui y règne est toujours emprunte de ce déséspoir, de l'odeur de drame humain que pas même les années ont effacés, pas même Christophe Colomb et tout ce qu'il a apporté malgré lui. Il parait, encore, que quand on pénètre à l'intérieur de l'une d'entre elles, on peut parfois y croiser des âmes errantes, pour qui on n'avait sûrement pas assez chanté de dies iraes, et qui cherchent leurs voies toujours.

 Ce sont bien souvent des âmes d'enfants, qui étaient à peine considérés comme des âmes à part entières, et que seuls les sanglots éreintés, horrifiés de leurs mamans ont bercés. On raconte qu'il n'était pas rare de retrouver le corps de ces mères, à qui on venaient d'arracher le
coeur, inertes, épuisés d'avoir tant pleurer, tant chanter, pour qu'un Dieu ait la bonté de prendre cet enfant perdu sous son bras. Et elles se laissaient aller, là, se perdait dans des prières, pour ne plus jamais retrouver leur chemins...

Les kivas renferment bien plus de secrets que les pyramides, car à l'intérieur, il ne reste rien. rien. Alors le seul moyen de pouvoir, peut être entrevoir quelque chose,passer outre les légendes qu'on raconte aux touristes qu'une curiosité morbide a amené là, sans même comprendre qu'il s'agit de lieu tragique, mythique, le seul moyen donc c'est de s'asseoir dans la fraicheur de l'une d'elle, tandis que le soleil écrasant nous faisait tourner la tête quelques minutes auparavant,laisser le froid nous pénétrer, nous engourdir, et écouter ce silence, si lourd de sens, si pesant. Et laisser venir ces images, ces odeurs de mort et de pourriture, laisser chacun de nos sens s'approprier l'endroit jusqu'à sentir ces âmes frôler notre visage, chercher le réconfort d'une présence, les écouter nous conter leurs histoires, leurs errances et pleurer, enfin, pour elles et avec elles.

Quand on parvient enfin à cela, on se surprend à prier, prier pour que ces âmes solitaires puissent enfin trouver refuge ou tout simplement disparaitre. Car elles souffrent, de
leur solitude mais aussi de voir ce que l'on a fait aux leurs, à leur village, d'avoir vu toutes ses
offences à leurs peuples, à leurs Dieux, que nous avons commis. Et elles ne veulent plus voir, plus savoir..

Quand on se relève enfin, on ne sait plus si on a rêvé, divagué, on se demande si c'est l'effet du soleil ou bien si on a réellement vécu ça. Le car de touristes nous attend, on se retourne une dernière fois, avec cette sensation que todo esta aqui.

Ecrit par Romane, le Vendredi 2 Janvier 2004, 02:24 dans la rubrique "L'équilibre".