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La désaxée
Eternels

 Sa mort ne me soulage pas, ni d'une manière, ni d'une autre. Je ne crois pas avoir eu de la rancoeur envers lui, sinon je pense que plutôt que partir et que laisser le passé derrière moi, j'aurai tenté de régler mes comptes avec lui, avec eux... D'ailleurs je sais que personne ne m'en aurait blamée, au contraire.

 Oui, c'était mon père, et bien souvent il a été à la hauteur, il a excellé là où d'autres auraient peut être joué l'absence. J'ai de nombreuses raisons aujourd'hui de pleurer sa mort, de regretter que ça se termine comme ça, de nombeuses raisons d'avoir mal et de me poser des questions quant à l'attitude que j'ai eue avec eux ces dernières années.

 Ca oui, des regrets, j'en ai. Je ne peux pas dire aujourd'hui que ça ne me fait rien de voir un grand père avec son petit fils, je ne peux pas dire que parfois je n'envie pas ceux qui ont pu fonder une famille, que je ne rêve pas quand j'entends parler de tablée réunissant quatre générations de la même famille.Bien sûr, des fois je regrette de ne pas avoir pu partager avec eux les quelques bonheurs que la vie m'a donnés. Oui, je regrette de ne pas avoir trouvé la solution qui m'aurait permis de pardonner à mon père, et à ma mère.

  Evidemment, c'est à lui, à eux, que je dois d'être sur terre ( encore que bien souvent je  préfèrerais ne pas y être...) c'est à eux que je dois beaucoup de choses par rapport à mon éducation, certains traits de caractère. Ils m'ont apporté sûrement plus que d'autres parents l'ont fait pour leurs enfants, peut être par certains points plus que ce que je pouvais attendre d'eux.

  Mais...tout cela n'efface rien, de ce qu'il a fait, de ce qu'elle a approuvé de son silence. Ca n'efface pas les blessures morales et physiques que j'ai gardé, ça n'efface pas le fait qu'il n'ait jamais eu de remords, qu'il n'ait jamais voulu prendre conscience que pour que je lui pardonne , il fallait que lui déjà comprenne que...

  Que ce qu'il m'a fait est lourd de conséquences, que si je l'ai privé de l'apaisement qu'il venait chercher il y a quelques semaines, c'est que moi même je n'ai jamais pu être paisible, que chaque jour, grâce à lui, je me lève en cherchant de bonnes raisons de ne pas me jeter sous un train, que la vie qu'il m'a infligée et que je continuerai de subir jusque peut-être mon dernier souffle vaut bien tous les pardons qu'il aurait pu me demander.

  Que si je suis partie, au lieu de l'accabler, c'était déjà une sorte de pardon, un non-lieu, une prescription que je lui accordais en prenant sur moi-même. Que j'aurais pu le, les trainer dans la boue et peut-être mettre un terme à tous ces trucs qui me hantent chaque jour.

  Alors, oui, j'ai de la peine, parce que mon père est mort mais ce que je regrette aujourd'hui, c'est ce qu'il a fait, puis pas fait . Pas ce que moi j'ai fait pour essayer de sauver ce qu'il pouvait encore l'être dans ma vie.

 

Ecrit par Romane, le Mercredi 18 Février 2004, 14:48 dans la rubrique "L'équilibre".


Commentaires :

  Lili-la-tigresse
Lili-la-tigresse
18-02-04
à 14:58

je t'ai lue avec attention...
Je ne sais pas quoi répondre. c'est donc probablement qu'il n'y a rien a repondre.
Sur ce, je me tais
:)

  Akatsuki
19-02-04
à 18:32

..

Une chose qui ne pourra jamais être pardonnée et que la mort n'apaisera pas non plus.
Les regrets ne sont pas nécessaires non plus. Parce que lui n'en a eu aucun.
J'aimerais tant qu'il meurt

[De quel droit, puis-je commenter et de plus dire ça..?]
C'est simplement ce que je pense. Ce qu'il ya dans ma tête..
:x

  Lili-la-tigresse
Lili-la-tigresse
21-02-04
à 22:07

jme sens comme obligée de venir t'écrire ces mots-ci.
J'ai aussi perdu mon père sans avoir pu lui parler. Enfin plutot sans qu'il m'ecoute. parce que pour causer, je pouvais causer. Il n'a jamais compris ma rancune, il n'a donc jamais pu exprimer ni regret, ni mot d'amour.
Je ne le déteste pas pour les mêmes raisons que toi: en fait je ne sais rien de tes raisons.
Mais de ce que j'ai pu lire on lui reproche les memes choses : l'égoisme, l'absence, la torture. A ma mère je reproche son immobilisme aussi. Le fait de ne pas m'avoir protégée.
Je ne prétends pas savoir ou comprendre ni même imaginer ce qui t'es arrivé.
Je ne prétends pas non plus juger ou avoir des réponses à tes questions.
Je sais que nos chemins sont différents. Mais visiblement nous avons le même genre d'embûches.
Alors voila, pour tout ca et pour tout le reste je me sentais obligée de t'écrire. Te dire qu'on est toujours tout seul avec sa souffrance. Mais pas forcément solitaire. Et qu'il suffit de changer une lettre a solitaire pour qu'il devienne solidaire.
Bisous.

  Romane
Romane
22-02-04
à 23:09

Re:

 Je crois qu'il est temps pour moi, (pour nous, peut être ) de tourner définitivement la page. Construire un faux semblant de présent sur un passé bancal ne me vaut rien, je crois.

Merci de tes quelques mots en tout cas... bises