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La désaxée
Tête à tête

 

... Elle a passé une bien mauvaise journée. En classe, plusieurs fois la maîtresse lui a reproché d'être dans la lune, et à la récréation, cinq ou six garçons l'ont harcelée de "bébé qui pleure". Bien sûr, ça lui donnait encore plus envie de pleurer, mais elle serrait les poings très fort. Ne pas pleurer, ne pas leur donner une occasion de plus de se moquer. Finalement, c'est dans les toilettes des filles qu'elle a trouvé refuge en attendant que la cloche sonne et qu'elle retourne enfin en classe.

   L'heure de la sortie est arrivée, bien trop vite à son goût. Elle se demande si maman l'attendra à la grille ou bien si elle la laissera quand même rentrer seule, comme convenu. Dans un sens, elle préfèrerait qu'elle soit là, ne serait-ce que pour échapper aux moqueries des garçons, même si ça voulait dire que maman ne lui faisait plus confiance.

  Mais non..elle n'était pas là, c'est donc seule qu'elle emprunte le chemin du retour, appréhendant le moment où elle serait face à son père. Elle ne se presse pas, malgrè le vent froid et la fine pluie. Elle prépare ses arguments, ce qu'elle dirait à son père quand il lui demanderait des explications. Elle commencera par lui dire qu'elle n'était pas arrivée en retard, et qu'elle avait bien toutes ses affaires dans son sac. Que si elle l'avait oublié, c'est parce qu'elle se pressait pour ne pas arriver en retard. Mais elle sait bien que son père ne lui laissera pas l'occasion de s'expliquer.

  Elle arrive sur le pas de la porte. Elle s'arrête le temps d'oter ses chaussures, son anorak trempé, d'égoutter un peu ses longs cheveux bruns, respire un grand coup et entre dans la maison. Sa mère, dans la cuisine, lui crie de retirer ses chaussures, elle répond que c'est fait, la voix tremblante. Elle monte se sécher, se changer, elle n' a pas fini lorsqu'elle entend les pas de son père dans les escaliers. Son coeur se serre, une boule se forme dans sa gorge.

  Il entre dans la salle de bain, et s'assoit face à elle, l'air calme mais décidé. Elle n'ose pas le regarder en face, elle ne veut pas croiser son regard. Alors, elle se contente de lui dire bonsoir, tout en faisant mine de s'affairer à enfiler un pyjama. Il ne lui répond pas, laissant planer ce lourd silence, qui la met mal à l'aise et qu'elle ne connait que trop bien. Elle a fini de s'habiller quand son père rompt le silence, lui dit de le regarder. Elle a à peine le temps de redresser la tête que son père commence à la sermoner, tout en la tenant par les bras. Ca lui fait mal, elle a l'impression que les doigts de son père vont lui rentrer dans la peau, mais elle ne pleure pas, elle le regarde en serrant les poings, car elle sait que le pire n'est pas encore là.

 Il termine son long monologue, qu'elle n'a même pas entendu, il la lâche. Elle se frotte les bras, pour essayer de faire partir la douleur. Elle n'ose pas baisser les yeux, il la regarde d'une drôle de manière, cette manière qu'elle déteste tant, car elle sait ce que ça annonce. Il lui demande si elle a mal, elle fait oui de la tête. Il prend un air peiné et lui dit de retirer sa veste de pyjama, qu'il va regarder. Elle se bloque, elle ne veut pas, elle ne veut pas que son père la touche. Il s'énerve, lui arrache la veste, faisant sauter tous les boutons. Elle se met à pleurer..

 Quand elle se réveille dans son lit, elle ne souvient de rien. Elle a juste mal aux bras, et au ventre, très mal au ventre. Elle reste un moment allongée, à réfléchir, tout lui revient peu à peu : le cartable, les autres enfants, le chemin du retour, la salle de bain, son père, ses mains sur elle et ses pleurs...

Ecrit par Romane, le Lundi 23 Février 2004, 15:47 dans la rubrique "L'équilibre".


Commentaires :

  funambule
funambule
23-02-04
à 22:06

Parce qu'il n'y a rien à dire
Parce qu'il y a trop à dire

J'aimerais simplement savoir comment tu vas..

        Je t'embrasse
                          Olivier

  Romane
Romane
24-02-04
à 00:33

Re:

 Pas si mal...

  Bises


  Songe
Songe
24-02-04
à 01:57

La valeur dérobée donne la mesure de la valeur conservée et de la valeur retrouvée ...

La valeur inconnue des uns qui se nourrit de la valeur des autres

Ces autres qui conservent malgré tout de leur valeur que viendra enrichir celle qu'ils auront su retrouver ...

Des mots si touchants, si sensibles qui savent transmettre la valeur de la vie et des choses ...

Merci de ce témoignage du coeur, de l'âme, de l'être

Bises

Songe